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migrated-content news-archiv Pflanzenstoffe und Mikronährstoffe für die kardiovaskuläre Gesundheit | ebi-pharm.ch 23.06.2021

Substances végétales et micronutriments au service de la santé cardiovasculaire

Substances végétales et micronutriments au service de la santé cardiovasculaire

23.06.2021

Les maladies cardiovasculaires figurent parmi les causes de décès les plus fréquentes en Suisse – tout comme dans le monde entier. Elles sont responsables de plus de 20’000 décès chaque année en Suisse, ce qui représente environ un tiers des décès à l’échelle nationale.

Parmi les maladies les plus significatives de ce groupe figurent l’hypertension artérielle, les maladies cardiovasculaires ischémiques (infarctus du myocarde, maladie coronarienne) ou les maladies vasculaires (artères, artérioles et capillaires) qui peuvent provoquer embolies ou thromboses, ou encore une artériopathie oblitérante périphérique.

On considère qu’une pression élevée représente déjà un facteur de risque important pour l’avènement d’autres maladies cardiovasculaires. De nombreuses personnes vivent d’ailleurs durant de longues années avec une hypertension sans s’en rendre compte, alors que le coeur et les vaisseaux sanguins sont déjà affectés à un stade précoce. Les vaisseaux sanguins se durcissent et s’épaississent, ce qui, avec le temps, empêche le flux sanguin (pouvant conduire jusqu’à une artériosclérose). Ce dommage vasculaire augmente à son tour le risque d’infarctus du myocarde ou d’accident vasculaire cérébral. D’autres maladies secondaires peuvent également survenir telles que l’insuffisance rénale, les troubles circulatoires au niveau des jambes et les problèmes de vision. Parmi les autres facteurs de risque, notons aussi l’augmentation du taux de cholestérol, l’adiposité, le tabagisme et le manque d’exercices. Lors d’une thérapie médicamenteuse, la compliance est souvent insuffisante en raison des effets secondaires ou du nombre total de médicaments à prendre. C’est pourquoi, il est indispensable d’adapter son mode de vie face à un traitement des maladies cardiovasculaires (modifier son régime alimentaire en particulier), de réduire son poids et de faire plus d’exercices. Le régime DASH (Dietary Approaches to Stop Hypertension) portant sur une alimentation riche en légumes et en fruits ainsi qu’en produits laitiers allégés, visant aussi une réduction de l’apport en graisses animales ou encore une faible consommation de sucre et de sel, représente un excellent exemple d’alimentation pour réduire la pression artérielle. Pour soutenir la santé cardiovasculaire, il est souvent conseillé de faire appel à des aliments spécifiques ou des micronutriments. Nous en décrivons certains ci-après.

 

Ail noir

Valorisé par la médecine populaire depuis des milliers d’années, l’ail était utilisé lors de problèmes digestifs par les Grecques et les Romains. Aujourd’hui encore, l’ail revêt toujours une grande importance dans la médecine pour traiter diverses affections qui surviennent avec l’âge. Diététiquement parlant, il est utilisé pour prévenir ou pour soutenir l’artériosclérose et les maladies qui en découlent telles que l’hypertension, le risque accru d’infarctus du myocarde ou d’AVC. N’oublions pas non plus l’utilisation fréquente de l’ail frais dans la cuisine méditerranéenne, qui est généralement considérée comme bénéfique pour la santé cardiovasculaire. On confère à l’ail de nombreuses propriétés :

anticarcinogènes, antibactériennes, antivirales, antidiabétiques, antihypertensives, cardioprotectrices, hépatoprotectrices, hypolipidémiantes ainsi qu’antioxydantes. Les composés organiques du soufre présents en forte concentration dans l’ail seraient à l’origine de ces effets. C’est la raison pour laquelle les compléments alimentaires à base d’ail sont populaires depuis si longtemps. Il existe toutefois un désagrément lors de leur consommation qui est l’exhalation des composés soufrés gras de l’ail par les voies respiratoires et par la peau. C’est pourquoi, on trouve aujourd’hui sur le marché des compléments alimentaires à base d’ail qui n’exhale pas d’odeur, comme l’ail noir par exemple.

 

L’ail noir est un ail blanc que l’on rencontre généralement dans le commerce et qui a été fermenté dans des conditions contrôlées, à une température et une humidité définies. Les glucides et les acides aminés sont ainsi transformés en composés organiques sombres et riches en azote, qui donnent cette couleur noire à l’ail. La fermentation de l’ail lui confère une consistance relativement molle et quelque peu collante, son goût devient sucré, ce qui provient principalement de l’augmentation de la teneur en fructose. Sa couleur noire est obtenue par les mélanoïdines, suite à la réaction de Maillard entre le fructose respectivement le glucose et les acides aminés. La plupart des substances responsables du goût typique de l’ail frais (par ex. l’allicine) sont oxydées durant ce processus et transformées en produits hydrosolubles stables, par exemple en S-allylcystéine qui est un puissant antioxydant. La S-allylcystéine est bien absorbée par l’intestin et peut être détectée dans le sang. Elle n’est pas non plus excrétée par les poumons, contrairement à l’allicine de l’ail frais. La procédure de traitement (température et humidité contrôlées) élimine ainsi les propriétés désagréables de l’ail (odeur, goût) (Yuan H et al. 2018 ; Chrubasik-Hausmann S.).

 

Certains éléments indiquent que les polysulfures qui se forment lors de la métabolisation des composés soufrés de l’ail stimulent la production de sulfure d’hydrogène dans la paroi vasculaire, ce qui déclenche la formation de monoxyde d’azote (NO) vasoactif. Le monoxyde d’azote provoque le relâchement des cellules musculaires lisses, la dilatation des vaisseaux et la diminution de la pression sanguine (Yan et al. 2004 ; Das et al. 1995). En outre, l’ail inhibe la biosynthèse du cholestérol selon des études réalisées in vitro et montre un effet hypocholestérolémiant et antiathérogène selon des expériences faites sur les animaux (Chrubasik-Hausmann S).

 

Des études cliniques confirment ces effets. Entretemps, plusieurs méta-analyses ont été publiées et attestent de l’effet hypotenseur et hypocholestérolémiant naturel de l’ail, de la capacité de la S allylcystéine (principale substance de l’ail noir) à réduire le risque cardiovasculaire et à améliorer le profil lipidique (baisse du LDL et des triglycérides et augmentation du HDL). Des méta-analyses montrent que les préparations à base d’ail peuvent abaisser la pression artérielle systolique chez les personnes hypertensives de 6,7 à 9,1 mmHg et la diastolique de 3,8 à 6,1 mmHg par rapport au placebo (Ried et al. 2016 ; Xiong et al. 2015 ; Rohner et al. 2015). La pression artérielle normale n’a pas été influencée par l’ail dans les études.

 

Réalisée par le groupe Ried, une autre méta-analyse basée sur 39 études a conclu que chez les patients souffrant d’hypercholestérolémie (> 200 mg/dl), les préparations à base d’ail prises pendant au moins 2 mois ont réduit le cholestérol total d’environ 17 mg/dl et le cholestérol LDL d’environ 7 mg/dl. En revanche, le cholestérol HDL et les triglycérides étaient à peine affectés (Ried et al. 2013 ; Schwingshackl et al. 2016).

 

Dans des études in vitro, un extrait d’ail noir, l’ABG10+ (standardisé à ≥ 0,1 % de S-allylcystéine), a démontré les effets cardioprotecteurs suivants (García-Villalón et al 2016 ; Amor et al 2019) :

> Réduction de la pression de perfusion coronaire et augmentation de la contractilité

> Augmentation de la production de NO dans l’aorte ➔ Relâchement des artères

> Réduction du LDLc et des triglycérides, augmentation du HDLc

 

ABG10+ est un extrait d’ail qui présente une teneur élevée en S-allylcystéine. Il est donc probable que d’autres extraits à teneur élevée en S-allylcystéine (comme ABG25+ par ex.) parviennent aux mêmes effets.

 

Extraits d’olives

En termes de santé, l’efficacité d’une consommation régulière d’huile d’olive dans le cadre du régime méditerranéen n’est plus à prouver. Cela concerne aussi bien la réduction de la morbidité que le ralentissement de la progression des maladies cardiovasculaires. (Estruch et al. 2018). Une importance marquée est accordée aux substances phénoliques contenues dans les olives, en particulier l’hydroxytyrosol. Lors de la fabrication de l’huile d’olive, il en résulte de l’huile, mais il en ressort également une phase aqueuse et des composants solides. De tous les composants de l’huile d’olive, le polyphénol hydroxytyrosol se trouvant dans la phase aqueuse et comportant la valeur ORAC la plus élevée et la plus haute biodisponibilité, lui confère donc des propriétés antioxydantes très puissantes. Par conséquent, l’autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a déjà approuvé en 2011 pour l’huile d’olive contenant au moins 5 mg d’hydroxytyrosol (par jour), «l’allégation de santé» selon laquelle les antioxydants de l’olive aident à protéger les lipides sanguins du stress oxydatif.

 

Basé sur les résultats de différentes études in-vitro et in-vivo, un travail de synthèse actuel conclut que l’hydroxytyrosol est capable d’inhiber l’expression et l’activité de diverses enzymes telles la superoxyde dismutase, la catalase, la NO synthase ou la cyclooxygénase-2 et ainsi de réduire l’oxydation du cholestérol LDL (D’Angelo et al. 2020). Les propriétés de l’hydroxytyrosol qui contribuent à la réduction du risque cardiovasculaire ont également été confirmées par des études cliniques :

> Protection des particules LDL contre les dommages oxydatifs (Covas et al. 2006)

> Amélioration des valeurs des lipides sanguins : augmentation du HDL, diminution des TG (Covas et al. 2006)

> Amélioration de la sensibilité à l’insuline (de Bock et al. 2013)

> Activité anti-inflammatoire (Camargo et al. 2010)

> Propriétés antiplaquettaires (Léger et al. 2005)

 

Acides gras oméga-3

L’importance des acides gras oméga-3 polyinsaturés dans le domaine de la nutrition et de la santé humaine n’est plus à prouver. Les deux représentants les plus importants sont l’acide  eicosapentaénoïque (EPA) et l’acide docosahexaénoïque (DHA). Ils se trouvent principalement dans les poissons gras tels que le saumon, le maquereau ou encore la sardine. Notre corps peut également les synthétiser à partir de l’acide gras essentiel a-linolénique qui est issu des végétaux, bien que le taux de synthèse soit relativement bas et inefficace, c’est-à-dire qu’aucune quantité pertinente n’est convertie en EPA et ensuite en DHA. Ces deux acides gras oméga-3 sont incorporés en quantités variables dans nos membranes cellulaires, où ils influencent, entre autres, la fluidité des membranes, la formation de microdomaines lipidiques et diverses fonctions cellulaires.

 

Dans la mesure où la teneur en EPA/DHA des érythrocytes est en corrélation avec celle d’EPA/DHA de toutes les autres cellules étudiées jusqu’à présent, l’indice oméga-3 représente ainsi un biomarqueur de l’état d’approvisionnement en EPA/DHA d’une personne. Plusieurs études épidémiologiques ont déjà démontré qu’un indice oméga-3 de > 8 %, par rapport à un indice de < 4 %, est associé à une réduction significative de la morbidité et de la mortalité cardiovasculaires (Harris WS et al. 2018).

 

Dotés d’effets anti-inflammatoires et antiarythmiques, les acides gras oméga-3 peuvent influencer la vasodilatation, la pression sanguine, les fonctions artérielles et endothéliales, et favoriser la réduction de l’agrégation plaquettaire. Ainsi, ils contribuent de manière significative à la protection contre les maladies cardiovasculaires (Watanabe et al. 2020).

 

Différents mécanismes sont à la base de ces effets sur le coeur et les vaisseaux sanguins :

 

Dans le muscle cardiaque, par exemple, les canaux ioniques membranaires sont influencés, ce qui conduit à la réduction des arythmies cardiaques. De plus, les acides gras oméga-3 augmentent la disponibilité du NO en activant la NO synthase (eNOS), ce qui peut améliorer la circulation sanguine et réduire la pression artérielle par le biais de la vasodilatation. Des analyses récentes montreraient plutôt un effet clinique pertinent chez les patientes et les patients déjà en traitement pour une hypertension artérielle que chez les personnes ayant une tension artérielle normale. Avec un dosage quotidien de 3 g, on remarque non seulement une augmentation de la pression sanguine systolique, mais également une réduction de la pression sanguine diastolique (Miller et al. 2014).

 

Les lipides sanguins sont eux aussi influencés positivement par les acides gras oméga-3. Ainsi, un taux de triglycérides très élevé est abaissé de > 30 % par 4 g EPA/DHA et permet de diminuer les événements cardiovasculaires de 25 % chez les personnes présentant des taux de triglycérides élevés (Skulas Ray et al. 2019).

 

Entre-temps, des études épidémiologiques et des méta-analyses attestent que les acides gras oméga-3 jouent un rôle important dans le maintien de la fonction du système cardiovasculaire. Il a été effectivement démontré que la prise de 250 mg d’EPA et de DHA par jour (1 à 2 portions de poisson gras par semaine par ex.) permet de réduire significativement la mortalité cardiovasculaire (Mozaffarian et al. 2006). Sur la base de ces observations, l’EFSA a formulé une allégation de santé pour l’EPA et le DHA (au moins 250 mg par jour) qui atteste de leurs effets sur le fonctionnement cardiaque normal.

 

Des études cliniques de grande envergure ont également prouvé que les acides gras oméga-3 contribuent à réduire le risque d’infarctus et de mortalité cardiovasculaire (Hu et al. 2019 ; Bhatt et al. 2019 ; Manson et al. 2019).

 

Toutefois, la diffusion d’informations et d’études négatives portant sur l’effet cardioprotecteur des acides gras oméga-3 apparaît à intervalles réguliers. Une analyse approfondie de ces études montre que, très souvent, des doses trop faibles sont utilisées ou que les patients sont déjà suffisamment approvisionnés en acides gras oméga-3 ou en autres médicaments. Cependant, pratiquement toutes les études se basent sur une prise à jeun des acides gras oméga-3, ce qui ne permet pas de mettre en route la digestion des graisses nécessaire à une absorption optimale. On peut donc supposer que seule une partie de l’apport en oméga-3 a été absorbé par l’organisme. C’est la raison pour laquelle il est important de prendre les produits à base d’oméga-3 au cours d’un repas principal. Des études attestent que les acides gras oméga-3 sont jusqu’à 13 fois mieux absorbés avec un repas riche en graisses qu’avec un repas pauvre en graisses (Schuchardt et al. 2012).

 

Coenzyme Q10

La coenzyme Q10 est présente dans le corps sous forme d’ubiquinone et d’ubiquinol et est un composé de type vitaminique. Elle peut être fabriquée par toutes les cellules vivantes de notre organisme. Les maladies cardiovasculaires font partie des domaines d’application les plus importants de la coenzyme Q10, principalement en raison de ses deux fonctions principales.

> Elle joue un rôle essentiel dans la production d’énergie dépendant de l’oxygène dans les mitochondries et contribue ainsi à la formation de l’ATP. La plus forte concentration de coenzyme Q10 se situe dans tous les tissus qui possèdent une haute activité métabolique et qui, par conséquent, nécessite le plus d’énergie (coeur, foie, reins, muscles). Il est intéressant de noter que les patients souffrant de maladies cardiaques ont une teneur réduite en coenzyme Q10 dans le muscle cardiaque (Mortensen et al. 1993).

> En outre, la coenzyme Q10 fonctionne comme un antioxydant lipophile et, avec la vitamine E, elle protège les phospholipides des membranes cellulaires contre les dommages induits par les radicaux et s’oppose ainsi à la peroxydation des lipides (par exemple du cholestérol LDL). Ces propriétés antioxydantes font également de la coenzyme Q10 une substance importante dans la prévention et le traitement de l’artériosclérose.

 

La coenzyme Q10 a déjà fait l’objet de nombreuses études cliniques liées à différentes maladies cardiovasculaires et ayant donné des effets positifs.

 

Prévention primaire lors de maladies cardiovasculaires :

Dans une étude randomisée en double aveugle, contrôlée par placebo, menée chez des personnes âgées en bonne santé (n=443), une prise de sélénium durant 4 ans (levure de sélénium 200 μg / jour), associée à de la coenzyme Q10 (200 mg / jour), a entraîné une réduction des décès cardiovasculaires de 55 %, la mortalité totale a diminué de 24 %. L’administration de coenzyme Q10 et de sélénium avait encore un effet positif sur la santé cardiovasculaire 10 ans après la dernière prise. Les décès d’origine cardiovasculaire ont tout de même été réduits de 49 % (Alehagen et al. 2013 et 2015).

 

Prévention secondaire de l’infarctus du myocarde :

Chez les patients ayant subi un infarctus du myocarde, une supplémentation concomitante en coenzyme Q10 (doses de 120 mg / jour) peut réduire de manière significative l’incidence d’autres événements et complications (Singh et al. 1998 ; Singh et al. 2003).

 

Hypertension :

Il existe également des preuves non négligeables de l’utilisation de la coenzyme Q10 dans l’hypertension. La réduction attendue de la pression artérielle est cliniquement pertinente : 11-17 mmHg pour la pression artérielle systolique et 8-10 mmHg pour la pression artérielle diastolique (doses 60- 200 mg / jour) (Rosenfeldt et al. 2007). Une nouvelle analyse Cochrane aboutit à une réduction de la pression artérielle de 4/2 mmHg (Ho et al. 2016).

 

Coenzyme Q10 et statines :

Les patients atteints de maladies cardiovasculaires sont souvent traités sur le long terme par des médicaments hypocholestérolémiants appartenant au groupe des statines. En bloquant l’enzyme HMG CoA réductase, ces statines inhibent la biosynthèse de la coenzyme Q10 en plus de la synthèse du cholestérol. Le profil des effets secondaires des statines comprend des troubles gastro-intestinaux ainsi que des perturbations du métabolisme énergétique musculaire, qui est physiologiquement lié au statut de coenzyme Q10. La fatigue, la faiblesse, les douleurs musculaires au cours de l’activité physique et les myopathies sont également observées en cas de mauvais approvisionnement en coenzyme Q10. Il est donc évident de prévenir une carence indésirable par un apport simultané de Q10 au cours d’un traitement avec des statines.

 

Vitamine K2

La vitamine K est essentielle pour la y-carboxylation des résidus d’acide glutamique, qui se trouvent dans les protéines dites Gla. Une protéine Gla bien étudiée est la protéine Gla de la matrice (MGP), qui semble jouer un rôle important dans la protection des maladies vasculaires. On pense que la MGP carboxylée («activée») par la vitamine K2 lie les ions calcium et les entoure, comme d’une coquille, pour empêcher le développement de cristaux d’hydroxyapatite et donc la calcification des tissus mous affectés (par exemple, les vaisseaux). Les études épidémiologiques ainsi que les études d’intervention menées ces dernières années contribuent à une prise de conscience croissante de l’importance de la vitamine K2 pour la santé cardiovasculaire.

 

> Les études épidémiologiques montrent qu’un apport alimentaire en vitamine K2 à raison de > 30 μg/ jour et de > 45 μg/jour, par rapport à < 20 μg/jour, réduit significativement le risque de maladie coronarienne et de maladies artérielles périphériques (-41 % et -29 %, respectivement), alors qu’aucune association n’a été démontrée pour la vitamine K1 (Geleijnse et al. 2005 ; Vissers et al. 2016).

> Une nouvelle étude de cohorte norvégienne portant sur près de 3’000 personnes l’a confirmé: un apport plus élevé en vitamine K2 par l’alimentation était associé à un risque plus faible de maladie coronarienne (Q4 contre Q1 = -48 %). Cette étude n’a pas non plus montré d’association pour la vitamine K1 (Haugsgjerd et al. 2020).

> Une supplémentation quotidienne de 180 μg/jour de vitamine K2 par rapport à un placebo a entraîné une diminution significative (-50 %) des taux de dp-ucMGP (MGP déphosphorylée, sous-carboxylée = inactive) et de la calcification vasculaire chez des femmes ménopausées ou présentant un début de  sclérose coronaire (Knapen et al. 2015).

 

L’apport journalier recommandé pour la vitamine K est de 75 μg, bien que la législation ne fasse pas de distinction entre la vitamine K1 et K2. D’un point de vue scientifique, cette distinction est toutefois justifiée et il s’avère que la vitamine K2 remplit des tâches nombreuses et très spécifiques dans l’organisme.

 

Conclusion

Le mode de vie constitue non seulement la meilleure prévention possible, mais représente aussi un élément essentiel du traitement des maladies cardiovasculaires. Dans la plupart des cas, un changement de mode de vie suffit à ramener dans une limite saine une pression artérielle légèrement élevée. On sait également depuis un certain temps que certains micronutriments et composants du régime méditerranéen ont des effets positifs sur le coeur. L’apport complémentaire de ces nutriments peut donc être un complément utile à la médication classique et influencer positivement le succès du traitement.

 

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AUTEURE

Dr. Simone Salvadó

Medical Advisor

Burgerstein Foundation

Parmi les maladies les plus significatives de ce groupe figurent l’hypertension artérielle, les maladies cardiovasculaires ischémiques (infarctus du myocarde, maladie coronarienne) ou les maladies vasculaires (artères, artérioles et capillaires) qui peuvent provoquer embolies ou thromboses, ou encore une artériopathie oblitérante périphérique.

On considère qu’une pression élevée représente déjà un facteur de risque important pour l’avènement d’autres maladies cardiovasculaires. De nombreuses personnes vivent d’ailleurs durant de longues années avec une hypertension sans s’en rendre compte, alors que le coeur et les vaisseaux sanguins sont déjà affectés à un stade précoce. Les vaisseaux sanguins se durcissent et s’épaississent, ce qui, avec le temps, empêche le flux sanguin (pouvant conduire jusqu’à une artériosclérose). Ce dommage vasculaire augmente à son tour le risque d’infarctus du myocarde ou d’accident vasculaire cérébral. D’autres maladies secondaires peuvent également survenir telles que l’insuffisance rénale, les troubles circulatoires au niveau des jambes et les problèmes de vision. Parmi les autres facteurs de risque, notons aussi l’augmentation du taux de cholestérol, l’adiposité, le tabagisme et le manque d’exercices. Lors d’une thérapie médicamenteuse, la compliance est souvent insuffisante en raison des effets secondaires ou du nombre total de médicaments à prendre. C’est pourquoi, il est indispensable d’adapter son mode de vie face à un traitement des maladies cardiovasculaires (modifier son régime alimentaire en particulier), de réduire son poids et de faire plus d’exercices. Le régime DASH (Dietary Approaches to Stop Hypertension) portant sur une alimentation riche en légumes et en fruits ainsi qu’en produits laitiers allégés, visant aussi une réduction de l’apport en graisses animales ou encore une faible consommation de sucre et de sel, représente un excellent exemple d’alimentation pour réduire la pression artérielle. Pour soutenir la santé cardiovasculaire, il est souvent conseillé de faire appel à des aliments spécifiques ou des micronutriments. Nous en décrivons certains ci-après.

 

Ail noir

Valorisé par la médecine populaire depuis des milliers d’années, l’ail était utilisé lors de problèmes digestifs par les Grecques et les Romains. Aujourd’hui encore, l’ail revêt toujours une grande importance dans la médecine pour traiter diverses affections qui surviennent avec l’âge. Diététiquement parlant, il est utilisé pour prévenir ou pour soutenir l’artériosclérose et les maladies qui en découlent telles que l’hypertension, le risque accru d’infarctus du myocarde ou d’AVC. N’oublions pas non plus l’utilisation fréquente de l’ail frais dans la cuisine méditerranéenne, qui est généralement considérée comme bénéfique pour la santé cardiovasculaire. On confère à l’ail de nombreuses propriétés :

anticarcinogènes, antibactériennes, antivirales, antidiabétiques, antihypertensives, cardioprotectrices, hépatoprotectrices, hypolipidémiantes ainsi qu’antioxydantes. Les composés organiques du soufre présents en forte concentration dans l’ail seraient à l’origine de ces effets. C’est la raison pour laquelle les compléments alimentaires à base d’ail sont populaires depuis si longtemps. Il existe toutefois un désagrément lors de leur consommation qui est l’exhalation des composés soufrés gras de l’ail par les voies respiratoires et par la peau. C’est pourquoi, on trouve aujourd’hui sur le marché des compléments alimentaires à base d’ail qui n’exhale pas d’odeur, comme l’ail noir par exemple.

 

L’ail noir est un ail blanc que l’on rencontre généralement dans le commerce et qui a été fermenté dans des conditions contrôlées, à une température et une humidité définies. Les glucides et les acides aminés sont ainsi transformés en composés organiques sombres et riches en azote, qui donnent cette couleur noire à l’ail. La fermentation de l’ail lui confère une consistance relativement molle et quelque peu collante, son goût devient sucré, ce qui provient principalement de l’augmentation de la teneur en fructose. Sa couleur noire est obtenue par les mélanoïdines, suite à la réaction de Maillard entre le fructose respectivement le glucose et les acides aminés. La plupart des substances responsables du goût typique de l’ail frais (par ex. l’allicine) sont oxydées durant ce processus et transformées en produits hydrosolubles stables, par exemple en S-allylcystéine qui est un puissant antioxydant. La S-allylcystéine est bien absorbée par l’intestin et peut être détectée dans le sang. Elle n’est pas non plus excrétée par les poumons, contrairement à l’allicine de l’ail frais. La procédure de traitement (température et humidité contrôlées) élimine ainsi les propriétés désagréables de l’ail (odeur, goût) (Yuan H et al. 2018 ; Chrubasik-Hausmann S.).

 

Certains éléments indiquent que les polysulfures qui se forment lors de la métabolisation des composés soufrés de l’ail stimulent la production de sulfure d’hydrogène dans la paroi vasculaire, ce qui déclenche la formation de monoxyde d’azote (NO) vasoactif. Le monoxyde d’azote provoque le relâchement des cellules musculaires lisses, la dilatation des vaisseaux et la diminution de la pression sanguine (Yan et al. 2004 ; Das et al. 1995). En outre, l’ail inhibe la biosynthèse du cholestérol selon des études réalisées in vitro et montre un effet hypocholestérolémiant et antiathérogène selon des expériences faites sur les animaux (Chrubasik-Hausmann S).

 

Des études cliniques confirment ces effets. Entretemps, plusieurs méta-analyses ont été publiées et attestent de l’effet hypotenseur et hypocholestérolémiant naturel de l’ail, de la capacité de la S allylcystéine (principale substance de l’ail noir) à réduire le risque cardiovasculaire et à améliorer le profil lipidique (baisse du LDL et des triglycérides et augmentation du HDL). Des méta-analyses montrent que les préparations à base d’ail peuvent abaisser la pression artérielle systolique chez les personnes hypertensives de 6,7 à 9,1 mmHg et la diastolique de 3,8 à 6,1 mmHg par rapport au placebo (Ried et al. 2016 ; Xiong et al. 2015 ; Rohner et al. 2015). La pression artérielle normale n’a pas été influencée par l’ail dans les études.

 

Réalisée par le groupe Ried, une autre méta-analyse basée sur 39 études a conclu que chez les patients souffrant d’hypercholestérolémie (> 200 mg/dl), les préparations à base d’ail prises pendant au moins 2 mois ont réduit le cholestérol total d’environ 17 mg/dl et le cholestérol LDL d’environ 7 mg/dl. En revanche, le cholestérol HDL et les triglycérides étaient à peine affectés (Ried et al. 2013 ; Schwingshackl et al. 2016).

 

Dans des études in vitro, un extrait d’ail noir, l’ABG10+ (standardisé à ≥ 0,1 % de S-allylcystéine), a démontré les effets cardioprotecteurs suivants (García-Villalón et al 2016 ; Amor et al 2019) :

> Réduction de la pression de perfusion coronaire et augmentation de la contractilité

> Augmentation de la production de NO dans l’aorte ➔ Relâchement des artères

> Réduction du LDLc et des triglycérides, augmentation du HDLc

 

ABG10+ est un extrait d’ail qui présente une teneur élevée en S-allylcystéine. Il est donc probable que d’autres extraits à teneur élevée en S-allylcystéine (comme ABG25+ par ex.) parviennent aux mêmes effets.

 

Extraits d’olives

En termes de santé, l’efficacité d’une consommation régulière d’huile d’olive dans le cadre du régime méditerranéen n’est plus à prouver. Cela concerne aussi bien la réduction de la morbidité que le ralentissement de la progression des maladies cardiovasculaires. (Estruch et al. 2018). Une importance marquée est accordée aux substances phénoliques contenues dans les olives, en particulier l’hydroxytyrosol. Lors de la fabrication de l’huile d’olive, il en résulte de l’huile, mais il en ressort également une phase aqueuse et des composants solides. De tous les composants de l’huile d’olive, le polyphénol hydroxytyrosol se trouvant dans la phase aqueuse et comportant la valeur ORAC la plus élevée et la plus haute biodisponibilité, lui confère donc des propriétés antioxydantes très puissantes. Par conséquent, l’autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a déjà approuvé en 2011 pour l’huile d’olive contenant au moins 5 mg d’hydroxytyrosol (par jour), «l’allégation de santé» selon laquelle les antioxydants de l’olive aident à protéger les lipides sanguins du stress oxydatif.

 

Basé sur les résultats de différentes études in-vitro et in-vivo, un travail de synthèse actuel conclut que l’hydroxytyrosol est capable d’inhiber l’expression et l’activité de diverses enzymes telles la superoxyde dismutase, la catalase, la NO synthase ou la cyclooxygénase-2 et ainsi de réduire l’oxydation du cholestérol LDL (D’Angelo et al. 2020). Les propriétés de l’hydroxytyrosol qui contribuent à la réduction du risque cardiovasculaire ont également été confirmées par des études cliniques :

> Protection des particules LDL contre les dommages oxydatifs (Covas et al. 2006)

> Amélioration des valeurs des lipides sanguins : augmentation du HDL, diminution des TG (Covas et al. 2006)

> Amélioration de la sensibilité à l’insuline (de Bock et al. 2013)

> Activité anti-inflammatoire (Camargo et al. 2010)

> Propriétés antiplaquettaires (Léger et al. 2005)

 

Acides gras oméga-3

L’importance des acides gras oméga-3 polyinsaturés dans le domaine de la nutrition et de la santé humaine n’est plus à prouver. Les deux représentants les plus importants sont l’acide  eicosapentaénoïque (EPA) et l’acide docosahexaénoïque (DHA). Ils se trouvent principalement dans les poissons gras tels que le saumon, le maquereau ou encore la sardine. Notre corps peut également les synthétiser à partir de l’acide gras essentiel a-linolénique qui est issu des végétaux, bien que le taux de synthèse soit relativement bas et inefficace, c’est-à-dire qu’aucune quantité pertinente n’est convertie en EPA et ensuite en DHA. Ces deux acides gras oméga-3 sont incorporés en quantités variables dans nos membranes cellulaires, où ils influencent, entre autres, la fluidité des membranes, la formation de microdomaines lipidiques et diverses fonctions cellulaires.

 

Dans la mesure où la teneur en EPA/DHA des érythrocytes est en corrélation avec celle d’EPA/DHA de toutes les autres cellules étudiées jusqu’à présent, l’indice oméga-3 représente ainsi un biomarqueur de l’état d’approvisionnement en EPA/DHA d’une personne. Plusieurs études épidémiologiques ont déjà démontré qu’un indice oméga-3 de > 8 %, par rapport à un indice de < 4 %, est associé à une réduction significative de la morbidité et de la mortalité cardiovasculaires (Harris WS et al. 2018).

 

Dotés d’effets anti-inflammatoires et antiarythmiques, les acides gras oméga-3 peuvent influencer la vasodilatation, la pression sanguine, les fonctions artérielles et endothéliales, et favoriser la réduction de l’agrégation plaquettaire. Ainsi, ils contribuent de manière significative à la protection contre les maladies cardiovasculaires (Watanabe et al. 2020).

 

Différents mécanismes sont à la base de ces effets sur le coeur et les vaisseaux sanguins :

 

Dans le muscle cardiaque, par exemple, les canaux ioniques membranaires sont influencés, ce qui conduit à la réduction des arythmies cardiaques. De plus, les acides gras oméga-3 augmentent la disponibilité du NO en activant la NO synthase (eNOS), ce qui peut améliorer la circulation sanguine et réduire la pression artérielle par le biais de la vasodilatation. Des analyses récentes montreraient plutôt un effet clinique pertinent chez les patientes et les patients déjà en traitement pour une hypertension artérielle que chez les personnes ayant une tension artérielle normale. Avec un dosage quotidien de 3 g, on remarque non seulement une augmentation de la pression sanguine systolique, mais également une réduction de la pression sanguine diastolique (Miller et al. 2014).

 

Les lipides sanguins sont eux aussi influencés positivement par les acides gras oméga-3. Ainsi, un taux de triglycérides très élevé est abaissé de > 30 % par 4 g EPA/DHA et permet de diminuer les événements cardiovasculaires de 25 % chez les personnes présentant des taux de triglycérides élevés (Skulas Ray et al. 2019).

 

Entre-temps, des études épidémiologiques et des méta-analyses attestent que les acides gras oméga-3 jouent un rôle important dans le maintien de la fonction du système cardiovasculaire. Il a été effectivement démontré que la prise de 250 mg d’EPA et de DHA par jour (1 à 2 portions de poisson gras par semaine par ex.) permet de réduire significativement la mortalité cardiovasculaire (Mozaffarian et al. 2006). Sur la base de ces observations, l’EFSA a formulé une allégation de santé pour l’EPA et le DHA (au moins 250 mg par jour) qui atteste de leurs effets sur le fonctionnement cardiaque normal.

 

Des études cliniques de grande envergure ont également prouvé que les acides gras oméga-3 contribuent à réduire le risque d’infarctus et de mortalité cardiovasculaire (Hu et al. 2019 ; Bhatt et al. 2019 ; Manson et al. 2019).

 

Toutefois, la diffusion d’informations et d’études négatives portant sur l’effet cardioprotecteur des acides gras oméga-3 apparaît à intervalles réguliers. Une analyse approfondie de ces études montre que, très souvent, des doses trop faibles sont utilisées ou que les patients sont déjà suffisamment approvisionnés en acides gras oméga-3 ou en autres médicaments. Cependant, pratiquement toutes les études se basent sur une prise à jeun des acides gras oméga-3, ce qui ne permet pas de mettre en route la digestion des graisses nécessaire à une absorption optimale. On peut donc supposer que seule une partie de l’apport en oméga-3 a été absorbé par l’organisme. C’est la raison pour laquelle il est important de prendre les produits à base d’oméga-3 au cours d’un repas principal. Des études attestent que les acides gras oméga-3 sont jusqu’à 13 fois mieux absorbés avec un repas riche en graisses qu’avec un repas pauvre en graisses (Schuchardt et al. 2012).

 

Coenzyme Q10

La coenzyme Q10 est présente dans le corps sous forme d’ubiquinone et d’ubiquinol et est un composé de type vitaminique. Elle peut être fabriquée par toutes les cellules vivantes de notre organisme. Les maladies cardiovasculaires font partie des domaines d’application les plus importants de la coenzyme Q10, principalement en raison de ses deux fonctions principales.

> Elle joue un rôle essentiel dans la production d’énergie dépendant de l’oxygène dans les mitochondries et contribue ainsi à la formation de l’ATP. La plus forte concentration de coenzyme Q10 se situe dans tous les tissus qui possèdent une haute activité métabolique et qui, par conséquent, nécessite le plus d’énergie (coeur, foie, reins, muscles). Il est intéressant de noter que les patients souffrant de maladies cardiaques ont une teneur réduite en coenzyme Q10 dans le muscle cardiaque (Mortensen et al. 1993).

> En outre, la coenzyme Q10 fonctionne comme un antioxydant lipophile et, avec la vitamine E, elle protège les phospholipides des membranes cellulaires contre les dommages induits par les radicaux et s’oppose ainsi à la peroxydation des lipides (par exemple du cholestérol LDL). Ces propriétés antioxydantes font également de la coenzyme Q10 une substance importante dans la prévention et le traitement de l’artériosclérose.

 

La coenzyme Q10 a déjà fait l’objet de nombreuses études cliniques liées à différentes maladies cardiovasculaires et ayant donné des effets positifs.

 

Prévention primaire lors de maladies cardiovasculaires :

Dans une étude randomisée en double aveugle, contrôlée par placebo, menée chez des personnes âgées en bonne santé (n=443), une prise de sélénium durant 4 ans (levure de sélénium 200 μg / jour), associée à de la coenzyme Q10 (200 mg / jour), a entraîné une réduction des décès cardiovasculaires de 55 %, la mortalité totale a diminué de 24 %. L’administration de coenzyme Q10 et de sélénium avait encore un effet positif sur la santé cardiovasculaire 10 ans après la dernière prise. Les décès d’origine cardiovasculaire ont tout de même été réduits de 49 % (Alehagen et al. 2013 et 2015).

 

Prévention secondaire de l’infarctus du myocarde :

Chez les patients ayant subi un infarctus du myocarde, une supplémentation concomitante en coenzyme Q10 (doses de 120 mg / jour) peut réduire de manière significative l’incidence d’autres événements et complications (Singh et al. 1998 ; Singh et al. 2003).

 

Hypertension :

Il existe également des preuves non négligeables de l’utilisation de la coenzyme Q10 dans l’hypertension. La réduction attendue de la pression artérielle est cliniquement pertinente : 11-17 mmHg pour la pression artérielle systolique et 8-10 mmHg pour la pression artérielle diastolique (doses 60- 200 mg / jour) (Rosenfeldt et al. 2007). Une nouvelle analyse Cochrane aboutit à une réduction de la pression artérielle de 4/2 mmHg (Ho et al. 2016).

 

Coenzyme Q10 et statines :

Les patients atteints de maladies cardiovasculaires sont souvent traités sur le long terme par des médicaments hypocholestérolémiants appartenant au groupe des statines. En bloquant l’enzyme HMG CoA réductase, ces statines inhibent la biosynthèse de la coenzyme Q10 en plus de la synthèse du cholestérol. Le profil des effets secondaires des statines comprend des troubles gastro-intestinaux ainsi que des perturbations du métabolisme énergétique musculaire, qui est physiologiquement lié au statut de coenzyme Q10. La fatigue, la faiblesse, les douleurs musculaires au cours de l’activité physique et les myopathies sont également observées en cas de mauvais approvisionnement en coenzyme Q10. Il est donc évident de prévenir une carence indésirable par un apport simultané de Q10 au cours d’un traitement avec des statines.

 

Vitamine K2

La vitamine K est essentielle pour la y-carboxylation des résidus d’acide glutamique, qui se trouvent dans les protéines dites Gla. Une protéine Gla bien étudiée est la protéine Gla de la matrice (MGP), qui semble jouer un rôle important dans la protection des maladies vasculaires. On pense que la MGP carboxylée («activée») par la vitamine K2 lie les ions calcium et les entoure, comme d’une coquille, pour empêcher le développement de cristaux d’hydroxyapatite et donc la calcification des tissus mous affectés (par exemple, les vaisseaux). Les études épidémiologiques ainsi que les études d’intervention menées ces dernières années contribuent à une prise de conscience croissante de l’importance de la vitamine K2 pour la santé cardiovasculaire.

 

> Les études épidémiologiques montrent qu’un apport alimentaire en vitamine K2 à raison de > 30 μg/ jour et de > 45 μg/jour, par rapport à < 20 μg/jour, réduit significativement le risque de maladie coronarienne et de maladies artérielles périphériques (-41 % et -29 %, respectivement), alors qu’aucune association n’a été démontrée pour la vitamine K1 (Geleijnse et al. 2005 ; Vissers et al. 2016).

> Une nouvelle étude de cohorte norvégienne portant sur près de 3’000 personnes l’a confirmé: un apport plus élevé en vitamine K2 par l’alimentation était associé à un risque plus faible de maladie coronarienne (Q4 contre Q1 = -48 %). Cette étude n’a pas non plus montré d’association pour la vitamine K1 (Haugsgjerd et al. 2020).

> Une supplémentation quotidienne de 180 μg/jour de vitamine K2 par rapport à un placebo a entraîné une diminution significative (-50 %) des taux de dp-ucMGP (MGP déphosphorylée, sous-carboxylée = inactive) et de la calcification vasculaire chez des femmes ménopausées ou présentant un début de  sclérose coronaire (Knapen et al. 2015).

 

L’apport journalier recommandé pour la vitamine K est de 75 μg, bien que la législation ne fasse pas de distinction entre la vitamine K1 et K2. D’un point de vue scientifique, cette distinction est toutefois justifiée et il s’avère que la vitamine K2 remplit des tâches nombreuses et très spécifiques dans l’organisme.

 

Conclusion

Le mode de vie constitue non seulement la meilleure prévention possible, mais représente aussi un élément essentiel du traitement des maladies cardiovasculaires. Dans la plupart des cas, un changement de mode de vie suffit à ramener dans une limite saine une pression artérielle légèrement élevée. On sait également depuis un certain temps que certains micronutriments et composants du régime méditerranéen ont des effets positifs sur le coeur. L’apport complémentaire de ces nutriments peut donc être un complément utile à la médication classique et influencer positivement le succès du traitement.

 

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AUTEURE

Dr. Simone Salvadó

Medical Advisor

Burgerstein Foundation